Avant de quitter Paris tôt le matin la M4 a pris sa plus belle plume pour écrire deux larges traces de gomme sur le ciment bleu de notre parking. En quelque sorte une façon de signer un livre dÂ?or. Et de mettre le boss de mauvaise humeur lorsquÂ?il découvrira la scène de crime ce soir en partant. Il faut toutefois comprendre notre envie pressante de quitter la capitale avec cette M4 qui exhibe ses naseaux dilatés ses ailes méchamment bodybuildées et ses énormes galettes de frein en carbone-céramique (une option à 7.400 Â?) rentrées au chausse-pied dans les grandes jantes de 19 pouces (option). Plutôt léger (1.497 kg annoncés) notre coupé bombe le capot avec 431 ch et 550 Nm de couple dès 1.800 tr/mn. Son 3.0 bi-turbo marque le retour du légendaire Â?six-en-ligne si cher à BMW. Alors appelons un chat un chat : ce coupé M4 est fait pour Â?envoyerÂ?. Et tant quÂ?à faire plus fort que le précédent coupé M3 moins puissant (V8 4.0 de 420 ch et 400 Nm à 3 900 tr/mn) mais aussi plus lourd (plus 100 kg).

Elle rêve de grands espaces et de larges courbes désertes cette BMW M4... Suffisait de demander : en deux heures dÂ?autoroute la voilà déjà près dÂ?Auxerre en Bourgogne sur des départementales où elle pourra sÂ?ébrouer avec... retenue car il pleut. Sur ces routes détrempées le coupé BMW me fait vite comprendre quÂ?il va falloir composer avec ses roues arrière pas toujours si motrices malgré le différentiel actif M à pilotage électronique chargé de gérer lÂ?arrivée du gros couple. à chaque remise de gaz en sortie de virage et parfois même en ligne droite à des vitesses déjà très élevées le bavarois impose une conduite sur la défensive. CÂ?est un peu comme caresser un matou connu pour envoyer de vilains coups de patte. Heureusement lÂ?antidérapage se montre lui aussi des plus réactifs... Vézelay Bazoches Lormes Quarré-les-Tombes... La route sÂ?assèche et lÂ?ambiance se détend à mesure que lÂ?on sÂ?enfonce dans ce beau terrain de jeu quÂ?est le Morvan. Ne craignant plus un éventuel rapprochement entre un rail de sécurité et notre BM qui sÂ?affiche tout de même à 102.370 Â? (options comprises) on commence à explorer les réglages plus ou moins sportifs (Efficient Sport et Sport +) agissant sur la direction à assistance électromécanique la suspension pilotée SelectDrive M (option) et la réponse à lÂ?accélérateur. Ces dernières sont par ailleurs paramétrables indépendamment via trois boutons dédiés sur la console et même configurables à la carte par deux touches raccourci situées sur le volant.

Finalement le mode Sport est assurément le plus convaincant tant pour le ressenti prodigué par la direction que pour le compromis entre confort et maintien de caisse. Me vient alors un large sourire à bord de cette M4 qui saute maintenant efficacement dÂ?un virage à lÂ?autre sur des routes aussi abrasives que de la toile émeri. Train avant mordant équilibre évident pour les sensations nous voilà servis. Et généreusement car la M4 accélère méchamment fort de manière assez linéaire certes mais quasi instantanée et avec une sacrée allonge jusquÂ?aux 7.500 tr/mn de la zone rouge. En y mettant de surcroît la même conviction après chaque changement de rapport qui sÂ?enchaîne sans rupture de charge grâce à la très rapide boîte sept rapports à double embrayage M DKG optionnelle que lÂ?on commande le plus souvent via les deux palettes au volant. En sélectionnant le mode de passage le plus agressif cette DKG7 va même jusquÂ?à ponctuer chaque montée de rapport dÂ?une brève saccade très racing perceptible jusque dans les baquets. Décidément cette M4 nous gâte. Surtout ici avec son échappement sport M Performance à embouts titane (encore un petit plaisir au tarif salé !) qui ajoute une bande-son échappée dÂ?un circuit.

Certes ce nÂ?est pas la sonorité métallique haute-fidélité de la M3 génération E36 ni celle rauque pubère des M3 et M4 actuelles équipées du silencieux dÂ?origine. Cette fois le six-cylindres crépite détone monte dans les aigus à mi-régimes et claque des coups de fouet au rétrogradage provoquant ainsi lÂ?indispensable frisson attendu dÂ?une M.